C’était ainsi que je l’avais retrouvée.
Noyée de tous côtés, de la tête jusqu’aux pieds, autant par l’humidité de la pluie que par le salé de la mer frôlant ses pieds. Elle ne semblait pourtant se formaliser d’être trempée. Ses yeux fermés inspiraient la méditation. Pour la soustraire d’un monde qui lui échappait, qui s’égouttait entre ses mains au moment où elle tentait de le saisir.
Je l’avais observé pendant un instant, seule pièce de vie à travers la plage déserte. . Elle reposait là, entre les algues déposés par la mer, les roches et les quelques débris, reste d’une vie humaine qui s’était évanouie. J’entamai un pas vers sa forme solitaire, mais stoppai presque aussitôt mon geste.
Son visage serein, marqué du sommeil du rêveur. Ses yeux fermés et confortables. Pas ouverts sur la réalité incompréhensible, mais paniqués et vides, parfois. Sa mâchoire détendue et non pas tordue par l’anxiété de ne plus savoir. En paix. Qui étais-je pour interrompre un tel moment, digne d’un morceau de paradis au milieu de l’enfer?
Appuyé contre mon automobile, j’observai toujours. Léger, emporté par cette lueur d’espoir à travers les vagues. Le temps venait de s’arrêter, et moi aussi. Un sourire franchit les barrières froides de mes lèvres. Des barrières qui s’étaient peu à peu raidies, crispant mon visage dans la peur de voir ce qui restait de la personne la plus importante de ma vie disparaître. De la voir s’effacer, alors que le souvenir de son corps restait derrière elle.
Mais pour l’instant, un éclat salé comme la mer enflait dans mes yeux, alors que je me contentai de la fixer. J’apercevais les souvenirs défiler derrière ses paupières closes.
Mon enfance. Les rires et les sourires échangés à cet endroit-même.
Ma main glissa dans mes cheveux et je me résignai, au final, à la rejoindre. Entrer dans sa bulle, vive dans son monde. Avec lui.